" MURMURES "
Echos de lavoir.
Murmures de pierres, paroles
chuchotées, bruissement de l'eau, voix de femmes ...
Grande lessive blanche qui rappelle celle d'autrefois.
Trousseau de femmes, ouvrage habilement cousu, étonnement
brodé, comme si la vie ne tenait qu'à un fil, qu'à ce fil blanc ou rouge qui a glissé dans tant de mains laborieuses.
Mains de femmes qui attendent, soupirent, espèrent, bercent, ensevelissent,
aiment et respirent la terre qui les a vu naître.
Mains besogneuses, qui lavent, repassent, plient, rangent inlassablement au fil des saisons.
Ces femmes , je les ai entendues,
imaginées, qu'elles soient mère de famille maîtresse de maison, châtelaine, servante, pourvoyeuse, lavandière, cuisinière, nourrice. Je les ai vues enfants , jeunes mariées, femmes mûres et grand-mères,
veuves et dans le silence de ce lieu, leurs voix.... comme un cortège de mots qui vous saisit, vous interpelle .
Elles murmurent, elles prient, elles parlent, elles crient et prêtent leurs voix
à celles d'autres femmes : celles qui vont écrire pour elles , celles qui ont les mots, les respirations, les émotions, les ponctuations, les silences qu'il faut pour dire la vie, l'amour, la mort.
Paroles
de femmes calligraphiées sur le linge : voix berceuse, voix prière, voix douce ou âpre, voix étouffées au fond des chambres ou murmurées sur le pas de la porte. Le corps parle et prend toutes les formes
de la lettre. La chair entière est un long discours. étonnamment actuel, qui se livre avec une vérité émouvante.
Voix empruntées à des poétesses connues Louisa Paulin,
Anna de Noailles, Marie-noêl, Marie Rouanet, et à d'autres: ces femmes de l'ombre, Francine Andrieu, Paulette Pomié, Anne Perrier. Ces paroles poétiques , écrites par des écrivains femmes , issues de nos provinces françaises
s'accordent dans une étonnante similitude, reflet de leur intériorité, de leurs combats , de leurs espérances, livrant des messages forts , intemporels et universels .